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Forgé par les historiens regroupés à l’Historial de Péronne, le concept de culture(s) de guerre s’applique prioritairement à la Grande Guerre. |
Le concept de culture de guerre peut se définir comme «un ensemble de représentations, d’attitudes, de pratiques, de productions littéraires et artistiques qui a servi de cadre à l’investissement des populations européennes dans le conflit »
Le groupe d’étude de Péronne distingue habituellement trois phases de « culture de guerre », ou trois types de « culture de guerre ».
Avant guerre, une culture de préparation à la guerre et à la violence s’est mise en place (une « anticipation » de la guerre). Pendant la guerre une culture spécifique aux évènements s’est développée, avec des nuances entre le front et l’arrière. Enfin l’après guerre transforme les évènements pour former une culture, ou des cultures du souvenirs. Certains sont héroïque autour de la figure du soldat, mais d’autres sont pacifiques, ou d’autres encore revanchards …
Autour des ces trois moments se structurent un vocabulaire et des problématiques :
- la mise en place d’une culture de guerre implique une démobilisation culturelle.
- La guerre remémorée transforme la réalité et prépare la guerre suivante
- La diffusion d’une culture de guerre implique un consentement des populations, une acceptation tacite.
- La mise en place d’une culture de guerre ne concerne pas que le combattant mais concerne toutes les strates de la société.
L’un des thèmes favoris de la culture de guerre porte sur la mobilisation nationale. C’est l’occasion de glorifier les troupes, de rallier la nation face à l’adversaire. L’ennemi est représenté de manière méprisable, ce qui ouvre la voie à la violence. On retrouve souvent le thème de la croisade, ou on retrouve la volonté d’éradiquer l’ennemi, de le détruire pour mieux installer sa victoire. Le thème de l’ennemi intérieur est également très présent avec la volonté parfois de détourner la foule des vrais problèmes. Ainsi, en Allemagne les juifs sont mis en accusation dès 1918 d’un complot contre l’Etat. Il faut dire que dès 1916 ils étaient suspectés de ne pas participer suffisamment à l’effort de guerre. Les bolcheviques seront également accusés du « coup de poignard dans le dos ». L’entre deux guerre portera donc en accusation la figure du Judéo bolchevique comme un mal qui ronge l’Allemagne.
Les guerres mondiales développent le thème de la race de manière dangereuse. Dès la première guerre mondiale les discours raciaux minimisent les capacités de l’adversaire. Avec l’entre deux guerres ce thème éclatera et se radicalisera lors de l’attaque de l’URSS par les nazis en juin 1941.